[FR] Bruno Le Maire nomme un ancien de la Banque de France pour réguler le Bitcoin

in #fr7 years ago (edited)

Le Ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a annoncé le 15 janvier avoir confié une mission sur les cryptomonnaies à Jean-Pierre Landau, ancien sous-gouverneur de la Banque de France de 2006 à 2011.

Pourquoi cette mission de régulation ? Est-ce pertinent pour des cryptomonnaies qui se moquent des frontières ? Regardons voir tout ça...


Les arguments de la lutte contre la spéculation et la criminalité

Sans grande surprise, Bruno Le Maire avance encore les arguments de la lutte contre la spéculation, le blanchiment d'argent, l'évasion fiscale et le financement d'activité criminelle... Bref, tous les aspects négatifs qui sont souvent mis sur le dos du Bitcoin.

Des utilisations douteuses du Bitcoin, il y en a eu, c'est certain. Mais les reproches que fait Bruno Le Maire au Bitcoin, on peut aussi les faire au dollar et à l'euro. Les trafiquants en Europe utilisent principalement des euros pour leurs transactions, pas des bitcoins qui sont traçeables et qui coûtent de plus en plus cher en frais de transaction.

L'évasion fiscale, elle se fait souvent avec des euros. Et bon, avant d'attaquer les cryptomonnaies en les accusant de faire de l'évasion fiscale, pourquoi Bruno Le Maire ne dénonce-t-il pas l'optimisation fiscale pratiquée par certaines grandes multinationales, dont les montants sont autrement plus gros ? C'est pas capable de lutter contre l'évasion et l'optimisation fiscales, mais ça veut réguler des cryptomonnaies qui se foutent des frontières... Belle incohérence...


L'amalgame fait entre le Bitcoin et les cryptomonnaies

Il y a un autre aspect qui est frappant dans le discours de Bruno Le Maire, c'est que ses propos sont empreints de généralisation. Comme beaucoup de politiciens qui n'y connaissent pas grand chose, le Ministre de l'Économie fait clairement un gros amalgame entre le Bitcoin et les cryptomonnaies.

Pour justifier une régulation des cryptomonnaies, Le Maire prend l'exemple du Bitcoin. Selon les partisans d'une régulation stricte, le Bitcoin n'est pas une monnaie, mais simplement un actif spéculatif. Certes, le Bitcoin est de moins en moins utilisable pour des paiements à cause des frais de transactions de plus en plus élevés. Mais c'est loin d'être le cas de toutes les cryptomonnaies. Pour faire face à la saturation du réseau Bitcoin et à l'augmentation des frais de transactions, beaucoup d'utilisateurs se sont tournés vers des alternatives comme le Litecoin, l'Ether ou encore le Dash, qui permettent des transactions plus rapides et moins coûteuses. Aujourd'hui, si vous voulez faire une transaction de quelques dizaines d'euros en BTC, ça risque de vous coûter au moins 5 euros. Si vous faites cette transaction avec une autre cryptomonnaie, ça ne vous coûtera que quelques dizaines de centimes. Si le Bitcoin est effectivement de moins en moins utilisable pour des petits paiements, il existe des alternatives. Il ne faut donc pas trop généraliser en se basant uniquement sur le cas du Bitcoin.


Les vraies inquiétudes du gouvernement et de la banque de France

Le gouvernement et la Banque de France sont-ils si préoccupés que ça par la question de la spéculation ? Pas tant que ça. Ce qui fait peur au gouvernement et à la Banque de France, c'est de voir leur contrôle diminuer.

Ils ont bien compris que de plus en plus de gens préfèraient placer un peu d'argent dans du Bitcoin ou d'autres cryptomonnaies, c'est bien plus avantageux que de placer son épargne sur un livret A avec un taux de 0,75%. Pour votre information, d'après l'INSEE, le taux d'inflation était de 1% en France en 2017.

Pour les plans épargne-logement ouverts à partir de 2018, c'est encore pire puisqu'ils seront taxés à 30% ! Face à cette taxation abusive, il n'est pas surprenant que des gens cherchent des alternatives. Le Bitcoin est donc bien une valeur refuge et un moyen de diversifier ses placements pour de plus en plus de gens. Si ces gens placent leur argent dans du Bitcoin plutôt que sur un PEL, le gouvernement peut moins les taxer...

L'autre truc qui dérange le gouvernement, c'est que les banques et l'État n'ont aucun contrôle sur le Bitcoin et les autres cryptomonnaies privées. Si l'État estime que vous lui devez de l'argent, il peut ordonner à votre banque de saisir de l'argent sur vos comptes. En revanche, si vous avez de l'argent sur un wallet Bitcoin, votre banque ne peut pas saisir vos fonds.

Ce qui fait peur au gouvernement, ce n'est pas vraiment la spéculation, mais le risque de voir ses moyens d'action diminuer. Certes, il est vrai que les cryptos peuvent être utilisées pour transférer facilement de l'argent à l'étranger. Mais comme il existe des cryptomonnaies beaucoup plus anonymes que le Bitcoin, vouloir réguler le Bitcoin n'arrangera pas les choses. Une forme de taxation abusive risquerait de pousser de plus en plus de gens à se domicilier ailleurs en France. Plutôt que de vouloir lutter contre une avancée technologique au niveau global, l'État ferait mieux de se remettre en question, par exemple en baissant les impôts et en rationalisant ses dépenses.

Avec une dette publique de plus de 2200 milliards d'euros (soit près de 98% du PIB fin 2017), on comprend bien que l'État est un peu désespéré et inquiet. Mais il faut comprendre que se contenter d'augmenter ou de créer de nouvelles taxes n'est pas une bonne solution. Trop taxer, au bout d'un moment, ça devient contreproductif.

En attendant, je conseille au Ministre de l'Économie de se renseigner sur les cryptomonnaies afin de constater qu'elles sont loin de servir uniquement à de la spéculation, du blanchiment d'argent ou de l'évasion fiscale. Il y a des cryptos et des tokens pour diverses applications : des paiements, des réseaux sociaux, du calcul distribué, du cloud décentralisé, des messageries ou encore de l'énergie solaire... Généraliser et réduire les cryptomonnaies à un moyen de paiement anonyme sur Internet ou à de la pure spéculation, c'est faire preuve d'ignorance ou de mauvaise foi. Même s'il y a des dérives avec les cryptos, il ne faut pas les mettre toutes dans le même sac... Pourtant, c'est ce que font beaucoup de politiciens...


Sources

https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/pour-reguler-le-bitcoin-le-maire-mandate-un-ancien-de-la-banque-de-france-764773.html
https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/0301151100963-le-gouvernement-nomme-un-monsieur-bitcoin-2144973.php
https://www.capital.fr/entreprises-marches/nette-acceleration-de-linflation-en-france-en-2017-1265456
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2017/12/22/20002-20171222ARTFIG00103-la-dette-publique-atteint-2226-milliards-d-euros.php


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Sort:  

Comme il va falloir que le nominé monte une équipe de conseillers ca va lui prendre 2/3 ans. Ensuite il va pleurer pour avoir le budget pour faire quelque chose, encore 1 an. Et puis ils vont sortie un CryptoHadopi de derrière les fagos un an après. Et Ho ben dis donc on arrive à dans 5 ans. Changement de gouvernement, changement d'équipe et hop on recommence. On voit où ca à mener pour Hadopi hein :) N'ayons pas trop d'inquiétudes, nos politiques sont incompétents... Et l'incompétence a rarement des éclairs d'intelligence :)

On a cela en commun ... Le gouvernement Belge c'est vraiment pas la panacée non plus MDR

Au moins, vous en avez un maintenant ! Vous pouvez pas vous plaindre ! 🤣🤣🤣

héhé, mais qu'est-ce qu'on était bien sans le gouvernement :-) un an de tranquillité :-)

C'est pas qu'ils sont incompétents, au contraire, ils sont très intelligents.. mais carrément menteurs, manipulateurs, voleurs et faux-cul !

J'ai vraiment du mal quand on met côte à côte le livret A et crypto devises.

Ce n'est pas le même rendement certes, mais ce n'est pas le même risque ni la même liquidité.

La liquidité du livret A est immédiate. On peut récupérer son épargne à tout moment sans risque de perte. Ce n'est pas le cas des cryptos.

Le livret est garantie par l'état. Ce n'est pas le cas des cryptos.

Ici, on est en face d'un biais. Car si les cryptos sont montées en flèches, nous n'arrivons pas à imaginer ce qui se passera dans un marché plus lent.

Il s'agit bien d'un placement risqué de long terme. Il faudrait comparer ça au marché boursier voire au forex. Le problème c'est qu'une bonne partie des jeunes investisseurs ne s'en rend pas compte et font l'amalgame entre livret A et crypto.

Attention, il ne faut pas non plus faire d'amalgame entre ce qu'a réellement compris le ministre et ce qu'il raconte dans un discours ! Tout dépend du but recherché. Il fait peut-être justement volontairement l'amalgame entre bitcoin et le reste de l'écosystème dans un but de simple vulgarisation (pour ne pas perdre son auditoire), voire de désinformation.

Un grand merci pour ce petit moment d'information ! Upvoté à 100% !